Casper
Revisionner les films de mon enfance a toujours été une expérience polarisante. Si je garde certains bons souvenirs des Mighty Ducks, de Home Alone ou des Little Giants, les revoir aujourd’hui peut parfois teinter mon appréciation générale d’un regard un peu trop adulte, malheureusement. Ces films, conçus avant tout pour les enfants, ne sont pas tous passés à l’histoire de la même façon. En 1995, Casper profite de la popularité de deux idoles des jeunes, Christina Ricci et Devon Sawa (que l’on a pu voir aussi dans Now and Then la même année), et nous fait plonger au cœur de l’Halloween de brillante façon avec un gentil fantôme dans un manoir « hanté ». Critique d’un film aussi sympathique que son personnage principal!
Kat Harvey (Ricci) et son père (Bill Pullman) se font appeler en renforts dans un manoir hanté par Carrigan (Cathy Moriarty), qui en a hérité dans le testament de son père. Le Dr. Harvey est un spécialiste qui parle aux morts et Carrigan espère qu’il arrivera à convaincre les fantômes du manoir de quitter les lieux paisiblement. La première nuit, Kat fait la connaissance de Casper (voix de Malachi Pearson et interprétation physique par Sawa), un gentil fantôme, neveu de trois autres esprits qui terrorisent la maison. D’abord effrayée, Kat se liera ensuite d’amitié avec Casper, qui l’aidera à organiser la fête d’Halloween de sa classe pendant que le Dr. Harvey se rapprochera des trois oncles dans l’espoir de retrouver sa femme, morte il y a quelques années.
Comme dans plusieurs films pour enfants ou adolescents, Casper nous fait visiter un manoir incroyable où on souhaiterait résider un jour. Les maisons victoriennes à la Sabrina, The Teenage Witch et les chambres d’ados comme celle de Mia dans The Princess Diaries font à mon avis un excellent travail d’amener cette idée de rêve dans les films et séries qui s’adressent à des publics plus jeunes. Quand on s’est habitués à ce hall impressionnant où aura lieu la danse d’Halloween de la classe de Kat, voilà qu’on descend les nombreux escaliers avec l’une des inventions du père de Casper (qui plaira elle aussi aux enfants, au même titre que les gadgets de Spy Kids) pour se retrouver dans cet antre aux plafonds encore plus hauts qu’à l’étage. Les décors de Casper, qu’on sent davantage sortis d’un studio plus on vieillit, charmeront assurément les tout-petits qui les contemplent.
Au-delà de ces éléments qui satisferont grandement l’imaginaire de l’auditoire, l’histoire est quant à elle plus complexe qu’elle n’y paraît aux premiers abords. Casper (le garçon) est mort des suites d’une pneumonie, et son père s’est tourné vers les inventions pour tenter de retrouver son fils, mais est devenu fou à force d’échouer. Kat est la typique adolescente sans amis en raison du métier de son père, qui les pousse à déménager fréquemment et qui ne semble pas lui rapporter beaucoup d’argent avec les quelques contrats qu’il parvient à décrocher. Un enfant ne percevra pas toutes ces subtilités et passera un bon moment, mais ce sont ces petits ajouts qui feront en sorte que le film vieillit tout de même bien auprès de ceux qui l’ont regardé enfants et le redécouvrent une fois adultes.
On ne pourrait pas parler de Casper sans aborder les effets spéciaux et l’animation des fantômes. Sans trop de prétention, le film est le premier de Universal Pictures a présenter un hybride entre l’animation en CGI et le live-action. La technique ici est différente de celle utilisée dans Space Jam (dont une suite est attendue en 2021) ou même Who Framed Roger Rabbit par exemple, puisque dans les deux cas ce sont des dessins qui côtoient les acteurs. Cette innovation passe encore très bien plus de vingt ans plus tard. Qu’ils soient plus « cartoonesques » ou qu’ils ressemblent davantage aux humains (car le film présente les deux), les fantômes de Casper ont su demeurer pertinents avec le temps.
En tant que film pour enfants, Casper réussit très bien. Les décors, les effets spéciaux et les inventions présentés dans le film sauront plaire au public qui les regardent, et les adultes pourront apprécier de replonger dans leurs souvenirs ou de découvrir une histoire plus complexe que celle qu’ils attendaient. Ce divertissement léger d’Halloween est tout indiqué pour ceux qui n’ont pas envie de regarder un film d’horreur, qui veulent le faire découvrir à leurs enfants ou qui se sentent moindrement nostalgiques!