Disaster Movie
Véritable bible pour les cinéphiles, The Internet Movie Database (IMDb) est cet endroit où l’on peut retrouver tout de la carrière des artisans du cinéma (acteurs, réalisateurs, monteurs, compositeurs, doubleurs, etc.), et où les utilisateurs peuvent noter tant les épisodes de séries que les films, en plus de rédiger de brèves critiques sur chacun d’eux. Le Top 250 IMDb est celui qui regroupe les meilleurs films selon les utilisateurs. À l’inverse, la plateforme propose également le Top 100 des pires films de l’histoire, encore selon les utilisateurs. Dans notre volonté de proposer un catalogue varié sur Ciné-Histoire, nous avons décidé d’explorer ce palmarès peu glorieux, en commençant d’abord avec le film n°1 de cette catégorie atypique : Disaster Movie.
S’inscrivant dans la lignée des films parodiques (pensez à tous les « Movie », comme Scary Movie, Date Movie, Not Another Teen Movie, Epic Movie, etc.) ce projet de Jason Friedberg et Aaron Seltzer est l’un des quinze qu’ils ont écrit ensemble et l’un des neuf qu’ils ont co-réalisé. Les autres sont presque exclusivement des parodies de films déjà établis tels que Vampires Suck (Twilight), Meet the Spartans (300), Superfast (The Fast and Furious) ou The Starving Games (The Hunger Games). Disaster Movie, quant à lui, s’inspire de tout et rien à la fois, multipliant les clins d’œil au cinéma en général. Critique de l’un des pires films de l’histoire!
Un film de ce type vient nécessairement avec une tonne de références à la culture populaire, reléguant le scénario bien loin dans les objectifs du projet. C’est donc sans surprise que, même après 87 minutes, on a l’impression qu’il ne s’est rien passé à l’écran. Le tout se déroule extrêmement vite, car il n’y a absolument aucun fil conducteur au récit. Les désastres dont il est question sont en fait une suite de tremblements de terre et de fragments de météorites qui tombent un peu partout dans la ville. Par ailleurs, on ne sait jamais vraiment où se situe l’action, bien que les films de désastres habituels se font un point d’honneur de nommer les endroits qui seront perdus si les héros ne parviennent pas à leur objectif (souvent New York!)
Ainsi, on passe la majeure partie de notre temps à regarder des scénettes de moins de cinq minutes qui se succèdent sans but pendant que nos héros tentent de « sauver le monde ». Et comment s’y prendront-ils me demanderez-vous. Eh bien, il faut remettre le crâne d’un temple quelconque (qui se trouve dans un musée) sur son autel (Indiana Jones x Night at the Museum).
Pour y arriver, Will (Matt Lanter) est aidé de sa copine Amy (Vanessa Minnillo), de son meilleur ami Calvin (Gary ‘G. Thang’ Johnson), d’une princesse qu’on devine être Cendrillon (Nicole Parker) et de Juney (Crista Flanagan), référence très explicite à Juno. À eux se joignent aussi Lisa (Kim Kardashian), Indiana Jones (Tony Cox) et Ike Barinholtz qui incarne dans le film près d’une dizaine de personnages (Hellboy, le Prince Caspian, Batman, Beowulf, un policier, etc.)
Cependant, la trame narrative du récit n’est pas aussi claire que je la décris ci-haut. Il faudra beaucoup de temps avant qu’on arrive à l’essentiel. La majeure partie du film voit plutôt certains personnages issus du cinéma avoir deux minutes de gloire en faisant référence à leur environnement, ce après quoi ils disparaissent sans jamais revenir (sauf dans un numéro musical à la fin). C’est le cas notamment des quatre femmes de Sex and the City qui boivent un verre, ou encore des joueurs de basketball de High School Musical qui font un numéro musical (avec, au passage, un Justin Timberlake qui enchaîne les notes aiguës qu’on lui connaît).
À lire ce texte, vous vous dites peut-être qu’il est surprenant que Justin Timberlake participe au projet. Détrompez-vous, malgré le fait qu’on donne une vraie identité à plusieurs personnages, aucun d’eux n’est vraiment présent ici. Ainsi, Jessica Simpson, Hannah Montana/Miley Cyrus, Amy Whinehouse, Matt Damon, Timberlake et Dr. Phil sont nommés explicitement – et personnifiés – sans être présents.
Mis à part ces éléments déjà importants, Disaster Movie souffre de solides incohérences quand on fait le choix (probablement conscient) de mettre les personnages dans des scènes qui les blessent ou les salissent, pour les retrouver au plan suivant dans leur état normal comme s’il ne s’était rien passé. Je pense par exemple au moment où la princesse mange une bouteille de verre et saigne de la bouche, puis être complètement guérie dans la scène suivante. De même, la copine de Will, qui travaille dans un musée et y est retournée au milieu du désastre (« I wanted to check on the artefacts ») se fait coincer l’épaule sous la lance d’une statue égyptienne quelconque, pour se faire libérer en moins de deux et se relever du plancher sans heurt. Notons aussi que la crédibilité du personnage est fortement mise en doute ici, car il est hautement improbable qu’Amy soit aussi préoccupée par les objets du musée, et on s’étonne même qu’elle sache ce qu’est un artéfact.
Si la plupart des films parodiques sont construits de la même façon, la série Scary Movie, du moins ses premiers volets, a l’avantage de référer à des films d’horreur pour satisfaire son public. On a énormément de difficulté à cerner le public cible ici, d’abord parce que les films de désastre ne sont pas l’élément central de l’intrigue. Comptons aussi que ceux qui auront du plaisir dans ce film, car il y en a, n’ont probablement pas vu Juno, ni même Sex and the City et peut-être pas Narnia non plus. Alors à qui s’adresse ce projet? Et pourquoi le faire? Deux questions particulièrement difficiles à répondre! Quoi qu’il en soit, Disaster Movie peut se vanter de détenir le premier rang des pires films de l’histoire sur IMDb, avec un très bas 1,9/10 par les usagers et 15/100 par les critiques. À l’époque peut-être que le duo Friedberg-Seltzer pouvait compter sur la vente de DVD ou la location pour rentabiliser le projet, mais à force de prendre son auditoire pour des imbéciles on finit par se brûler. C’est probablement ce qui explique l’absence d’engouement pour leurs projets subséquents. Malgré tout, il semblerait que ce ne soit pas ça qui arrivera à dissuader les partenaires d’imaginer de nouvelles parodies. Nous aurons apparemment droit bientôt à un Star Wars quelconque (Star Worlds Episode XXXIVE=MC2: The Force Awakens the Last Jedi Who Went Rogue), qui, à mon avis, inclura à un moment Elon Musk et le nom de son bébé. Question de feeling!