Holes
Accusé à tort d’avoir volé une paire de chaussures donnée par un joueur de basketball professionnel à un refuge, Stanley Yelnats IV (Shia LaBeouf dans son premier rôle au cinéma) est condamné à passer dix-huit mois dans un camp de réinsertion sociale pour jeunes garçons délinquants. Selon son grand-père, Stanley Yelnats II, ce malheur ne serait pas arrivé si leur ancêtre, le premier Stanley, n’avait pas attiré sur leur famille une malédiction après avoir failli à son engagement envers une médium qui lui avait indiqué comment gagner la main de celle qu’il désirait. Stanley IV part donc au Camp Green Lake, où les jeunes adolescents sont forcés à creuser des trous chaque jour, à la recherche d’un trésor que la famille de la propriétaire (Signourney Weaver) chasse depuis plus d’un siècle. Le garçon fait ainsi la rencontre de ceux qui tantôt l’intimideront, tantôt l’accepteront parmi eux. Du lot, Stanley se lie d’amitié avec Zero (Khleo Thomas), qui ne parle à personne au camp et ne sait pas lire. Ensemble, ils découvriront les secrets cachés de l’ancien lac et tenteront de briser la malédiction de la famille Yelnats.
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai regardé Holes. Je me souviens avoir été déçue de ne pas le lire dans mes cours d’anglais au secondaire, quand je voyais d’autres groupes l’avoir sous le bras. À ce jour, je ne l’ai étrangement toujours pas lu. Il y a quelque chose de particulièrement charmant dans cette histoire aux multiples ramifications, et même si un visionnement est suffisant pour obtenir toutes les réponses, on peut toujours apprécier les liens entre les diverses trames narratives lors de séances subséquentes. Car en même temps de suivre Stanley et les garçons au camp, on voit aussi l’histoire du premier Stanley en quelques moments rapides contés par le grand-père, de même que les origines du camp, qui a déjà été un lac. C’est cette troisième aventure qui donne toute la personnalité au film et qui viendra rehausser les deux autres.
En effet, le camp était autrefois au milieu d’un village où une jeune enseignante (Patricia Arquette) faisait des conserves de pêches et où un cultivateur (Dulé Hill) traversait le lac à bord de sa barque pour cueillir des oignons sur une montagne infestée de lézards à la morsure venimeuse. À travers les nombreuses scènes de leur triste histoire d’amour, on en apprend davantage sur les secrets du lac et sur la hors-la-loi Kissing Kate Barlow… dont le trésor serait quelque part dans les environs.
La plus grande force du film est donc son histoire multidimensionnelle, et les nombreux personnages qui la composent sont tous attachants à leur façon. Que ce soit le père de Stanley (Henry Winkler) qui tente de trouver un remède aux souliers qui puent, Kissing Kate Barlow et son ascension dans le monde de la criminalité, les garçons du camp qui se surnomment Armpit, X-Ray ou Barfbag ou encore Sam, l’homme de toutes les situations qui affirme « I can fix that » à chaque problème qu’on lui amène. On ne peut évidemment pas s’attarder longuement à chacun d’entre eux, mais les dynamiques au cœur des différents groupes sont toutes efficaces et chacun des moments passés avec l’un ou l’autre sont bienvenus.
S’il y a une critique que l’on peut adresser au film, c’est la rapidité avec laquelle on juge Stanley alors qu’il est innocent et que le tout ne se passerait pas de cette façon dans « la vraie vie ». Cette situation impossible à la base du film peut rappeler les romans de Dickens où tout semble aller de travers tout du long jusqu’à un dénouement plus que positif. Mis à part cet élément (tout de même important, mais par-dessus lequel on peut passer), le film est rempli de plans au ralenti qui ne servent pas à grand-chose sauf à nous faire nous questionner sur leur pertinence. Mais ce sont là des détails au milieu de tous les points positifs de Holes.
Mon attachement envers cette histoire vient assurément du fait que j’ai vu le film alors que j’entrais dans l’asolescence, et que j’avais donc l’âge de son public cible. Cela dit, il peut tout à fait fonctionner pour un adulte qui le regarde pour la première fois. Je ne me lasserai jamais de replonger dans les mystères de Green Lake… et j’encouragerai certainement mes enfants à lire le roman, pour profiter de toute la richesse littéraire dont bénéficie assurément une histoire aussi complète que celle-là.