Belle fille
Louise (Alexandra Lamy) apprend que son mari Marc (Patrick Mille) la trompe et décide de s’emparer de ses billets d’avion pour la Corse au milieu de la nuit, avec sa carte de crédit. Ayant pris la mauvaise valise à l’aéroport, elle convie son propriétaire à un échange autour d’une bouteille de champagne. Après une nuit dont elle ne se souvient que par bribes, elle constate que son amant d’un soir, Florent (Thomas Dutronc) est mort à ses côtés. La police débarque, ainsi que le frère du défunt, Anto (Jonathan Zaccaï). La mère des garçons, Andréa (Miou-Miou), est pour sa part convaincue que la femme qu’elle trouve dans la chambre d’hôtel n’est nulle autre que sa belle-fille, en couple pendant plus de cinq ans avec son fils. Pour permettre à Louise de se remettre de cette mort subite, Andréa la ramène à la maison le temps d’organiser les funérailles de Florent. Voulant retourner chez elle rapidement, Louise jouera le jeu sous l’œil suspicieux d’Anto.
Belle fille commence rapidement en nous transportant dans une comédie plus grande que nature avec ses scènes d’introduction. Le mari adultère et sa maîtresse qui se sent coupable, la femme trompée qui part pour se venger en mettant toutes les dépenses inimaginables sur la carte de crédit de son homme à coup de « j’ai toujours voulu faire ça », une nuit de champagne, de peignoirs et de cocaïne avant de ravager une chambre d’hôtel… bref, on accepte d’emblée d’être embarqués dans une vie qui va vite et des vacances qui seront cathartiques pour l’héroïne. Tout ça se casse rapidement, cependant, à la découverte du corps inerte de Florent. Dès lors, le ton se calme, mais ce n’est qu’à la venue de la belle-mère que l’on se retrouve vraiment plongés dans l’intrigue du film. On assiste donc à la naissance de cette relation forcée entre les deux femmes, à mi-chemin entre comédie et drame, entre l’envie de Louise de vivre la vie dont elle a toujours rêvée, et celle d’Andréa de se rappeler un fils ayant pris la sienne en mains.
Tout au long de sa visite improvisée en campagne, Louise devra donc mentir à Andréa, et on redoute dès le départ le moment où la vérité éclatera sur les espoirs brisés de la belle-mère. Là où on sera agréablement surpris, c’est par la façon dont cet inévitable retournement de situation survient, et les effets qu’il aura sur les personnages. Chapeau au film ici, on n’entre pas dans les clichés habituels de tous les autres l’ayant fait auparavant.
Belle fille n’est pas dépourvu de scènes touchantes. Si certains apprécieront les coutumes funéraires de ce village corse et l’aspect de communauté qui se dégage des habitants et voisins d’Andréa, on ne peut pas demeurer de glace devant certains récits de Louise sur la façon dont Florent a été un amoureux exemplaire, en proposant à la fois une critique de sa propre situation avec son mari. Ces moments, par contre, surviennent trop tard, et sont trop peu présents.
En fait, à travers toutes les relations humaines présentées dans le film, on peine à vraiment saisir ce qu’il essaie de nous faire comprendre. Louise réalise qu’elle n’est pas à sa place auprès de Marc, certes, qu’elle a un meilleur ami et collègue extraordinaire (Guillaume Bouchède) la supportant peu importe ses décisions, aussi, et qu’elle peut repartir sur de nouvelles bases avec sa fille presque adulte (Léa Léviant) à qui elle a peut-être trop donné dans le passé. Mais les apprentissages ici ne sont pas surprenants, et on aurait sans doute voulu assister au retour de la femme plus forte dans Paris, prête à prendre les rennes de son destin. Du côté de la belle-mère, dépourvue d’émotions du début à la fin, conjuguer avec la mort de son fils semble être une épreuve beaucoup plus aisée qu’on l’aurait imaginée.
En ces temps où voyager nous est impossible, Belle fille aura le grand avantage de nous présenter la splendeur de la Corse, de laquelle on voudra toujours plus. Du point de vue de l’histoire, il ne faut pas s’attendre à une grande comédie, ni à un grand drame. On a plutôt ici un récit de transition, sans être initiatique. Pour Andréa, c’est d’accepter que son fils préféré ne soit plus là, et pour Louise, c’est de réaliser qu’elle mérite mieux que ce que son mari lui offre. Tout en appréciant l’humour grotesque initial, on pourra trouver que l’évolution de la situation manque un peu d’éclat. Au final, le film nous fera passer un beau moment, sans nous époustoufler de ses trames narratives.
Les images sont une courtoisie de TVA Films.