Logan Lucky
Steven Soderbergh semble avoir trouvé un style qui lui sied. Celui qui a présenté les histoires impossibles de braquage de casinos dans la trilogie Ocean’s au début des années 2000 s’attaque maintenant à un coup semblable lors d’une course de NASCAR organisé par les frères Logan. Si le tout réussit parfaitement dans les aventures de Danny Ocean (disons dans deux des trois films, pour être précis), est-ce le cas dans ce nouvel essai qui ne réinvente pas les codes du genre? Pour autant qu’on aime ce type de films, oui, absolument!
Jimmy Logan (Channing Tatum) travaillait jusqu’à tout récemment dans des tunnels sous la piste de la Charlotte Motor Speedway en Caroline du Nord. Maintenant sans emploi, il doit trouver de l’argent pour pouvoir suivre son ex-femme Bobbie Jo (Katie Holmes) et leur fille Sadie (Farrah Mackenzie) dans un autre état lorsque le nouveau partenaire de Bobbie Jo, Moody (David Denman), y ouvrira un concessionnaire automobile. Il expose donc son idée de voler l’argent recueilli lors d’une course de NASCAR à son frère Clyde (Adam Driver), ancien militaire propriétaire d’un bar et n’ayant qu’un seul bras. Pour les aider, les Logan iront convaincre un prisonnier expert en ouverture de coffres-forts, Joe Bang (Daniel Craig) qu’ils ont un moyen de le faire sortir de la prison ni vu ni connu le temps d’un après-midi, tout en le ramenant le soir à l’insu des gardiens. Mais afin de rendre ça possible, Clyde devra lui aussi se retrouver en prison puisque l’évasion requiert beaucoup de préparation. Au plan s’ajoutent Mellie (Riley Keough), la soeur Lucky et les deux frères de Joe, Fish (Jack Quaid) et Sam (Brian Gleeson).
Les films de ce genre sont tous construits de la même façon. On nous présente d’abord un plan qui semble impossible, on recrute une équipe diverse qui a toutes les compétences pour y arriver, et on observe le tout se dérouler avec un niveau d’excitation qui grandit à chaque nouvelle scène.
Dans ce cas-ci, malgré le plan qui est plutôt complet, il faudra peut-être lire un peu sur le film pour saisir l’importance de certains éléments. En effet, la façon dont on nous présente certaines étapes n’est pas toujours simple. Même si on comprend ce qui est en train de se passer, on ne réalise parfois pas la signification de ce que l’on regarde. Sans entrer dans les détails, il m’aura fallu deux visionnements et de la lecture pour enfin comprendre pourquoi on fait appel aux frères Bang dans le coffre-fort à la banque le lendemain de « l’anniversaire de l’employée ».
Il me semblait que la trilogie Ocean’s (le deuxième mis à part) était nettement plus facile à suivre. Sans avoir besoin de visionnements supplémentaires, ces films montraient l’étendue de leurs plans plus grands que nature et nous invitaient à voir les étapes se dérouler par la suite. On ne se posait pas autant de questions sur ce qu’on voyait, et les revirements de situations lors des actes finaux étaient tout simplement jouissifs. On ne peut pas en dire autant ici ; certains éléments de l’acte final sont difficiles à saisir entièrement, et il est fort possible que des questions demeurent après une ou même plusieurs écoutes. Une lecture vous éclairera mais ne vous satisfera peut-être pas entièrement.
Qu’en est-il de cet acte final? On y retrouve Hilary Swank en enquêteuse, et ce n’est pas aussi excitant qu’on l’aurait voulu. Se doutant que certains détails sont trop flous dans l’histoire, elle rejoint les frères dans le bar de Clyde (sans mentionner son travail évidemment) pour faire la lumière sur le cas, ce qui laisse présager qu’ils se feront coincer à un moment ou à un autre. On n’a pas l’air de vouloir faire une suite dans ce cas-ci, et c’est une bonne chose. Le tout se termine donc suspendu quelque part en Caroline du Nord et on l’accepte sans pour autant être totalement satisfait.
Dans son genre, Logan Lucky n’est pas parfait. On aurait aimé être guidé davantage ou que le plan se simplifie. Pour les personnages, tout a l’air évident. Pour les spectateurs, ce n’est pas toujours le cas. On pourra donc préférer la trilogie Ocean’s, ou l’émotion ressentie pendant la révélation finale de Ususal Suspects, mais pour le reste, ce qu’il nous présente est encore une fois ahurissant, et c’est ce qui fait la force des films de braquage. Si le rythme se perd pendant qu’on cherche à comprendre certaines choses, on le retrouve facilement devant l’ingéniosité du plan, et il faut avouer qu’on en retire un grand plaisir.