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Dans un futur rapproché, la compagnie de jouets dernier cri Funki voit son produit vedette, le Purrpetual Pet (sorte de Furby), copié par son compétiteur, et ce, à moindre coût. Le chef de l’entreprise (Ronny Chieng) doit alors trouver un nouveau jouet qui saura rediriger les profits vers lui. C’est alors qu’il apprend que Gemma (Allison Williams), une roboticienne ambitieuse, travaille sur un prototype qui pourrait révolutionner l’industrie : le « Model 3 Generative ANdroid », ou M3gan. Cette poupée grandeur nature est conçue comme étant LE jouet parfait, celui qui rendra désuet tous les autres. Les habitués des films produits par les studios Blumhouse savent évidemment que ce prototype est trop beau pour être vrai.

Au premier coup d’œil, les parallèles avec la franchise Child’s Play (Chucky en français) sont nombreux, et les scénaristes James Wan et Akela Cooper ne font aucun effort pour s’en distinguer. Au contraire, ils embrassent l’absurdité d’un tel concept, et en profitent au passage pour emprunter des codes d’autres films à succès tels Terminator 2 et Westworld. Est-ce une mauvaise chose pour autant? Non, car, étonnamment, M3gan parvient à tirer son épingle du jeu en saisissant exactement sa niche : une comédie d’horreur convenue et facilement commercialisable.

Tout passe par cette poupée, incarnée à la fois physiquement par Amie Donald et vocalement par Jenna Davis. Vous avez probablement vu passer sur les réseaux sociaux son visage aux yeux robotiques sataniques, pastiche d’une Barbie. M3gan marque en effet suffisamment les esprits pour qu’on se souvienne d’elle, tout en provoquant les soupirs d’une histoire qui sent le réchauffé. Pourtant, il faut vraiment visionner le film pour comprendre que cette poupée, qui adopte le ton acerbe (mais moins vulgaire) de Chucky, a son identité propre qu’on prend plaisir à voir évoluer au cours du film.

Gemma, sa créatrice, décide de tester son prototype avec sa nièce Cady (Violet McGraw), de qui elle a hérité lorsque ses parents sont morts dans un accident de la route. Évidemment, c’est l’amour fou dès la rencontre entre la jeune et la poupée, et rapidement, on comprend que M3gan, encodée pour répondre aux moindres désirs de sa protégée, est prête à aller loin pour s’assurer de son bien-être. C’est ici que le film se distingue de Chucky, qui essayait pour sa part de tuer l’enfant à qui il avait été assigné. En fait, M3gan ressemble peut-être davantage à un épisode de Black Mirror que d’un véritable film d’horreur, tirant en effet plus vers la science-fiction.

Peu importe dans quel genre on peut le caractériser, on est d’abord et avant tout dans une comédie, probablement même trop pour véritablement plaire aux amateurs de films d’épouvante. C’est en effet là où le bât blesse, car, hormis la dernière demi-heure un peu plus gore, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’accent mis sur la genèse de la poupée, et pas suffisamment sur ses déboires. On sait tous que le projet va mal finir, et le plaisir vient plus de voir jusqu’où M3gan peut aller que de connaître en détail comment elle a été confectionnée. Certes, cela permet d’aborder de biais la parentalité et le deuil, mais on s’égare un peu trop, surtout quand on voit le potentiel de la poupée.

Sa démarche est en effet assez singulière et attire l’attention, et on aurait souhaité la voir plus souvent en action. Il est évident, si ce n’est déjà annoncé, qu’il y aura une ou plusieurs suites, car déjà le film fait beaucoup parler de lui (et sa réception est globalement positive). Je crois que c’est l’une des seules fois où je me suis dit que les suites seraient meilleures que l’original, puisque, maintenant que l’on connait les codes de l’univers, la table est mise pour observer les ravages que M3gan peut causer.

M3gan est loin d’être parfait, et, même s’il accepte le fait que son histoire ne tienne pas la route, il n’en demeure pas moins que les dialogues sont particulièrement superficiels, les interprétations tracées à traits gras, et le scénario un peu banal. Toutefois, la stratégie de Blumhouse est toujours la même : faire des films à petits budgets qui marquent les esprits. À cet égard, c’est une réussite. M3gan sera la nouvelle tendance des déguisements d’Halloween en octobre prochain (à égalité avec Wednesday probablement), et parions que le personnage s’inscrira plus durablement dans le cinéma d’horreur qu’Annabelle ou d’autres poupées tueuses.

1 commentaire

  1. Graziella sur janvier 26, 2023 à 1:32 pm

    Bonsoir j’ai regardé M3gan au cinéma,
    j’ai trop hâte de regarder le deuxième l’année prochaine « juste une toute petite critique mais c’est vraiment pas méchant » j’aurais aimé un peu plus de frissons et qu’elle tue un peu plus de monde, bravo à tous les acteurs.

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