The Patent Leather Kid
Fait rare dans l’histoire des Oscars : lors de la première cérémonie tenue en 1929, seuls deux acteurs ont été nommés pour remporter la prestigieuse statuette remis pour la catégorie d’interprétation masculine. Remise à Emil Jannings pour son excellente performance dans The Last Command (et pour The Way of All Flesh, malheureusement perdu aujourd’hui), on raconte que Charlie Chaplin était en nomination pour sa performance dans The Circus également, mais on a préféré retirer sa nomination et lui remettre un prix spécial pour tout le travail qu’il a effectué sur le film. Ce faisant, le seul autre acteur en nomination cette année-là était Richard Barthelmess, pratiquement oublié de nos jours, si ce n’est de sa performance de soutien dans Only Angels Have Wings. Si l’un des deux films pour lequel il a été nommé est lui aussi considéré perdu (The Noose), nous avons la chance de pouvoir juger de sa performance dans un autre film de 1927 : The Patent Leather Kid. S’il offre une solide performance, force est d’admettre que ce mélodrame dans l’univers de la boxe a bien peu à nous offrir du long de ses 150 minutes.
On suit le Patent Leather Kid (Barthelmess), ce prodige de la boxe jusqu’à présent invaincu. Toutefois, la dynamique entre lui et son entraîneur (Matthew Betz) est chamboulée lorsqu’il fait la rencontre de Curley Boyle (Molly O’Day) qui deviendra sa copine. L’entraîneur croit que cette amourette affectera ses performances, ce qui se produira finalement, mais le Kid devra mettre sa carrière sur pause lorsqu’il sera appelé à combattre lors de la Première Guerre mondiale.
Il y a beaucoup de similitudes entre The Patent Leather Kid et d’autres films de boxe devenus iconiques depuis (Rocky, Raging Bull, etc.) La première moitié du film s’intéresse davantage à la carrière du Kid, alors que la seconde, comme plusieurs autres films de son époque, se déroule pendant la guerre. Tout du long, c’est toutefois l’histoire d’amour qui occupe une place prépondérante. Barthelmess a un rôle qui lui colle à la peau, lui qui ajoute de l’attitude et de la tendresse à son personnage. Les scènes de boxe paraissent authentiques et tout à fait crédibles, mais c’est au final un récit de rédemption. Le Kid, ne voulant pas aller à la guerre (comparativement à Curley qui, elle, souhaite faire honneur à son pays), il finit par y aller et poser un geste héroïque qui détruira malheureusement sa carrière. Comme on peut s’en douter, c’est un film davantage patriotique qu’une étude approfondie de personnage, mais on y trouve tout de même suffisamment son compte.
Avec des thématiques que l’on a vues des dizaines de fois ailleurs, il faut vraiment être un passionné des films muets pour pleinement apprécier The Patent Leather Kid, ou du moins être capable de le visionner d’un seul coup. C’est avant tout un mélodrame patriotique efficace, qui ne réinvente aucunement le genre, mais qui est à recommander tout de même pour ceux et celles qui apprécient le cinéma des années 1920. La performance de Barthelmess donne davantage de crédit à un film qui aurait pu s’avérer banal, mais ce n’est définitivement pas pour tous les publics, surtout que le film n’a pas bénéficié d’une restauration de sa pellicule.